Web 3 et “diligences à vapeur”
Chaque fois, au début d’un cycle d’innovation, les premières itérations des produits et des services sont naïvement inspirées du cycle précédent. Les premières automobiles ressemblaient très fortement à des diligences auxquelles on avait greffé un moteur à vapeur. Pour parler de cette première itération j’utilise souvent la métaphore de la “diligence à vapeur”.
Pour rester dans l’automobile d’ailleurs, la voiture électrique en est certainement à sa première itération à en juger la position de la trappe de charge placée au même endroit que celle pour le carburant.
Chaque nouvelle version du Web nous offre aussi son lot de “diligences à vapeur”. Aux prémices de l’internet, on a repris les concepts du monde papier que l’on a appliqué au web. Du quotidien au livre de recette, tout a été platement digitalisé. C’est ainsi que sont arrivés les premiers annuaires en ligne, répliques parfaites des annuaires papiers. Ces diligences à vapeur ont été remplacées quelques années plus tard par les moteurs de recherche, expression plus aboutie de la fonction recherche.
Quelques années plus tard le web 2.0 ouvre la voie de la collaboration. On reprend naturellement donc les concepts que l’on connaît du web d’avant en y rajoutant de la contribution, des votes et des commentaires.
C’est ainsi que les sites webs statiques deviennent des pages personnels avec myspace, les galeries d’images des sites de partage de photo avec Flickr, les journaux des agrégateurs de News avec Digg. Mais finalement tout ceci ne sera qu’une parenthèse et ces services se révéleront être des “diligences à vapeur”. Le réseau social s’avérera être la forme aboutie de la fonction collaboration et Myspace deviendra Facebook, Flickr deviendra Instagram et Digg deviendra Twitter.
De même qu’il était difficile début des années 2000 de conceptualiser la notion de réseau social comme modèle de collaboration alors que ça nous semble d’une évidence presque banale aujourd’hui, Il est extrêmement complexe d’imaginer avec l’avènement du web3 qu’elles seront les modèles qui profiteront d’une décentralisation extrême.
Les NFTs appliqués au monde de l’art semblent par exemple être une application primitive si ce n’est naïve du concept de jetons infongibles. En effet si ceux-ci peuvent prendre l’apparence d’une image et agir comme certificat de propriété, ils ont la capacité en réalité de représenter n’importe quels types de ressources nombrables et dépassent donc largement le cadre de l’art.
La plupart des projets web3 qui fleurissent aujourd’hui se révéleront être des diligences à vapeur, le meilleur reste à donc à venir. Stay Tuned!