Ô mon Didi
On savait que ça devait arriver un jour, on espérait que ça soit le plus tard possible. C’est toujours trop tôt évidemment mais ça aura quand même duré 10 ans.
10 ans d’amitiés, de longues discussions et des batailles acharnées sur la hauteur des interlignes, la taille des polices, les couleurs des logos, la vitesse des animes, et des sketches en veux-tu en voilà et parfois même quelques figmas égarés. Après des heures de taf et certainement aussi quelques taffes, une décennie de design qui marquera certainement l’histoire du web. Qui pourrait prétendre aujourd’hui, même parmi les agences les plus prestigieuses avoir signé de sa patte créative tant de belles entreprises ?
Que les étoiles se sont bien alignées ce 30 mai 2011 quand mon ami Gary Cige nous a mis en contact, Welcome to the sky! D’ailleurs Gary, je t’en dois beaucoup des comme ça, de ces rencontres qui te changent une vie. Il avait à peine vingt-trois ans le jeune Didier Forest quand il nous a rejoint, il nous a fallu à peine quelques jours pour sentir le potentiel du gaillard. Je me rappelle ce qui a fait la différence chez toi, tu étais créatif comme un artiste, pointu comme un ingénieur. Le mec te donnait une date et au petit matin - la nuit avait du être longue - le gars arrivait avec ses 25 planches de design. En 10 ans de vie, j’en avais rencontré des créatifs et des ponctuels mais jamais sous la même carapace.
En 10 ans, on l’a réalisé notre putain d’objectif, 30 boites et certainement parmi celles-ci quelques licornes à la sueur de nos Front. On a marqué nos corps, surtout toi, et usé nos âmes en claquage de porte, déconnection de zoom, engueulades avec les fondateurs, petits divorces et grosses frustrations.
Mais à la fin, à chaque fois, c’est toi qui mettait l’ambiance, qui rassemblait et apaisait tout le monde et qui nous tirait tous vers le bistro d’à côté. Le temps de s’assoir et déjà une longueur de shots. Quelques mètres plus tard, c’est toi à de Paris, à BXL, en passant par NY, SF ou Berlin qui nous emmenais toujours dans des nuits endiablés. Toux ceux qui sont passés ici s’en souviennent; l’ambiance et la bonne humeur, Didi, c’est toi, point barre !
Didier Johnatan Ive Forest, tu vas nous manquer, on sait que tu ne seras jamais trop loin, calé quelque part entre la Bonne Mère et la Place Vendôme, entrain de taquiner du pixel entre un sketch et une figure chartiste. C’est qu’il a le nez creux, l’ami Didi, il croit aujourd’hui à la crypto comme il croyait en 2013 à Tesla. On devrait peut-être l’écouter...
Mon Didi, à défaut de rester un partner for ever, tu seras un ami pour la vie et tu auras toujours, au fond, en bas à droite, un lit pour toi à la Maison.