Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles
Cette phrase est tellement inspirante qu’on en a fait une des valeurs d’Hexa (eFounders).
Et aujourd’hui, elle prend encore plus de sens que d’habitude.
A 15.56 décollera la fusée Falcon9 de SpaceX (Mission T6) avec à son bord 114 petits satellites dont le nôtre “Gama Alpha”, sur lequel nous travaillons depuis plus de deux ans.
Quand je dis “nous”, je pense surtout à Louis de Goüyon Matignon, Andrew Nutter, Jordan Culeux et toute notre équipe d’ingénieurs incroyables. Le projet est issu directement d’un mémoire que j’avais fait 20 ans auparavant.
Ce mémoire concernait le principe de la propulsion photonique, l’idée qu’il serait possible de mouvoir des véhicules spatiaux grâce à la lumière du soleil. Lorsqu’un photon réfléchit sur une surface, il lui communique une quantité de mouvement et exerce sur celui-ci une pression. Il suffirait alors de déployer dans l’espace un immense miroir afin d’utiliser cette pression photonique pour faire avancer un véhicule.
C’est le principe de la Voile Solaire et l’objet du projet Gama que l’on a commencé en août 2020. Une voile solaire pourrait théoriquement accélérer à des vitesses jamais atteintes par des objets créés par l’humanité. Ce mode de propulsion efficace et économique pourrait offrir des nouvelles opportunités en terme de missions spatiales.
Et Aujourd’hui est un jour exceptionnel pour ce projet et pour toute l’équipe. Notre satellite qui fait la taille de 5 bouteilles de lait (6U) et pèse 12kg va être mise sur une orbite terrestre basse à 550km (LEO). Il embarque à la fois une partie “Bus” contenant tous les éléments systèmes (énergie, communication) et une partie “Voile” sur laquelle nous avons concentré nos efforts. La voile est constituée d’un matériaux réfléchissant (CP1) extrêmement fin (2.5 microns). Elle est pliée façon origami dans un enrouleur et, est équipée de 4 masselottes de Tungstène fixées à ses extrémités.
Lorsque notre satellite quittera la fusée falcon 9 commencera une phase dite de déploiement. Une rotation lente de plusieurs jours va permettre de déplier les 73.3m2 de la voile. C’est la force centrifuge qui va permettre de dérouler et de rigidifier la voile.
Cette première mission nous permettra simplement de tester le déploiement de la voile. A cette altitude, il ya encore trop d’air qui freine la voile pour pouvoir la faire naviguer. Il faudra attendre notre prochaine mission “Gama Beta” en 2024 et le déploiement de la voile en orbite haute pour pouvoir tester la navigation pour faire se déplacer notre satellite grâce à la pression photonique.
A partir de ce moment, on jugera alors la technologie mature pour sa commercialisation pour des missions d’exploration et d’exploitation de l’espace profond.
Je remercie tous nos investisseurs, la CMA CGM et le Centre National d'Études Spatiales pour leur soutien sur ce projet très ambitieux.
La tête dans les étoile et les pieds sur terre, nous resterons !